jeudi 25 décembre 2014
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mercredi 24 décembre 2014
La citoyenneté romaine, une communauté inégalitaire...
L’inégalité des citoyens
Un patron, Virron, invite à
dîner son client Trébius.
En premier lieu, persuade-toi bien que l'invitation que tu reçois est
pour toi le salaire intégral d'une longue suite de services rendus. Le
bénéfice de l'amitié d'un grand, c'est la nourriture [...].
Lui, Virron, il prend en main des coupes où le béryl1 fait saillie. À
toi on ne confie aucun ustensile qui soit en or, ou si
cela arrive
on met à tes côtés un surveillant pour y dénombrer les pierres précieuses et observer tes
ongles crochus [...]. Voici qu'un esclave te présente, en grognant Dieu sait comme, un pain qu'à
peine il daigne rompre, morceaux déjà moisis faits d'une farine compacte sur lesquels la mâchoire
travaille sans réussir à les entamer. Au maître, on en réserve du tendre,
qui est un blanc neigeux et fabriqué avec la fine fleur de froment[...]. Essaie
seulement de desserrer les lèvres, et tu seras traîné par les pieds et déposé dehors [...]. Il y a tant de choses
qu'on n'ose articuler quand on porte un habit râpé ! [...]
Tu te crois un homme libre et le convive de ton «
roi ». Lui, il te
considère comme le prisonnier de la bonne odeur de sa cuisine [...]. C'est l'espoir de bien dîner qui vous dupe [...]. Il a raison de te
traiter ainsi, car si tu es capable de tout supporter, c'est que tu le
mérites. Un beau jour, tu offriras, crâne tondu, les joues à ses soufflets, tu
accepteras la cuisson des coups de fouet : tu seras digne d'un tel festin et d'un tel ami.
Juvénal, Satires, début du IIe siècle.
Des citoyens inégaux
devant la justice
Ceux qui
arrachent ou arasent les bornes ou les arbres marquant des limites, s'ils sont
esclaves et qu'ils l'aient fait de leur propre initiative, sont condamnés aux
mines ; s'ils sont humiliores, ils sont condamnés aux travaux
publics ; s'ils sont honestiores, ils sont relégués dans une
île après confiscation du tiers de leurs biens. [...]
Ceux qui
violent une vierge, non encore en puissance maritale, s'ils sont humiliores, sont
condamnés aux mines ; s'ils sont honestiores, ils sont
relégués dans une île. [...]
Celui qui, en
vue de le livrer au stupre ou d'en tirer plus d'argent, a castré ou fait castrer
un homme malgré lui, qu'il s'agisse d'un esclave ou d'un homme libre, peu
importe, est puni de mort ; les honestiores eux sont déportés
dans une île après confiscation de leurs biens.
Ceux qui
donnent un philtre abortif ou un philtre d'amour, parce qu'il s'agit là d'un
mauvais exemple, sont condamnés aux mines s'ils sont humiliores ; s'ils
sont honestiores, ils sont relégués dans une île après la perte
d'une partie de leurs biens.
Paul (juriste
romain), Sentences, vers 230
La Bible et les privilèges juridiques du citoyen romain : Paul, apôtre de Jésus, bénéficie de la justice impériale.
On allait
attacher Paul pour le fouetter quand il dit au centurion de service : « Un
citoyen romain, qui n'a même pas été jugé, avez-vous le droit de lui appliquer
le fouet ? ». À ces mots, le centurion alla mettre son supérieur au
courant : « Qu'allais-tu faire ! L'homme est citoyen romain ! ». Le supérieur
revint donc demander à Paul : « Dis-moi, tu es vraiment citoyen romain ? » «
Oui, dit Paul [...], je le suis de naissance ». Ceux qui allaient le mettre à
la question le laissèrent donc immédiatement ; quant au chef, il avait pris
peur en découvrant que c'était un citoyen romain qu'il gardait enchaîné.
Actes des
Apôtres, 22, 25-29, fin du Ier siècle.
Paul répliqua
: « Si vraiment je suis coupable, si j'ai commis quelque crime qui mérite la
mort, je ne prétends pas me soustraire à la mort. Mais si les accusations dont
ces gens me chargent se réduisent à rien, personne n'a le droit de me livrer à
leur merci. J'en appelle à l'empereur ! ». Le gouverneur Festus prit alors
l'avis de son conseil et répondit : « Tu en appelles à l'empereur : tu iras
devant l'empereur. »
Actes des
Apôtres, 25, 11-12, fin du r siècle.
...mais une diffusion de la citoyenneté dans L'Empire.
Au Ier siècle, la citoyenneté est
limitée, sa diffusion individuelle
« Comme Auguste jugeait
important de maintenir le peuple romain sans mélange et intact de toute
intrusion de sang étranger […], il ne distribua que chichement le droit de cité
romaine […]. A Tibère qui demandait la citoyenneté en faveur d’un Grec de ses
clients, il écrivit : “Je ne la lui attribuerai que si vous me démontrez de
vive voix à quel point votre demande est justifiée” ; de même, il le
refusa à Livie qui sollicitait le droit de cité pour un Gaulois qui payait un
impôt, mais il offrit l’immunité fiscale en déclarant : “Il m’est plus facile
de soustraire quelque chose au fisc que de brader le privilège de la
citoyenneté romaine.” »
Suétone, Auguste, XL, 5-6
Or, peu à peu, la
citoyenneté romaine s’étend dans l’Empire
L’État romain vu par Aelius Aristide au IIe s.
ap. JC.
Originaire de Mysie, Aelius Aristide vécut sous les règnes d’Hadrien et
d’Antonin. Outre ses Discours sacrés, relatant sa recherche de la
guérison, il composa en grec un Éloge de Rome dans lequel il
rend hommage aux empereurs d’avoir diffusé la citoyenneté romaine.
« Ni la mer ni l’étendue d’un
continent ne peuvent faire obstacle à l’accession à la citoyenneté. Dans cet
empire, l’Asie n’est pas séparée de l’Europe. Tout est ouvert à tous. Il n’est
personne, qui digne de pouvoir ou de faire confiance, ne reste étranger. C’est
une démocratie universelle, placée sous la direction d’un seul homme, le
meilleur chef […].
Vous avez fait que le nom romain n’est pas
celui d’une cité, mais devenu celui d’un peuple unique ; non celui d’un
peuple parmi d’autres, mais celui d’un peuple en face de tous les autres. Mes
peuples ne sont plus divisés en Grecs et Barbares, et votre idée n’est pas,
absurde, selon laquelle votre cité est plus riche en hommes que toute la race
grecque. La ligne de partage, vous l’avez établie entre Romains et non
Romains ; vous avez étendu le nom de votre cité jusqu’à cette limite.
Depuis que ce partage existe nombreux sont, dans chaque cité, ceux qui sont
autant vos concitoyens que ceux de leur propre race, et ceci bien que plusieurs
d’entre aux n’aient encore jamais vu votre cité. Il n’est d’ailleurs pas besoin
de garnisons dans leurs acropoles ; en effet, partout, les hommes les plus
importants gardent pour vous leur propre patrie […].
Puisqu’il y a un État universel qui se
présent comme une seule cité, ceux qui administrent ne le font pas comme s’il
s’agissait de biens étrangers, mais de leurs propres biens. De plus, grâce au
refuge que vous lui procurez, la multitude trouve en l’État la sécurité par
rapport aux notables locaux. »
Aelius Aristide, Éloge de Rome,
LIX-LXV
mercredi 17 décembre 2014
Pas d'intervention demain...
Je n'ai pas d'autorisation pour l'intervention de Mlle Burkhalter, sa présentation est ainsi reportée à l'année prochaine!...
samedi 13 décembre 2014
La démocratie athénienne face aux textes classiques
« La cité est une collectivité de citoyens. IL faut donc
examiner ce qui doit être appelé citoyen et ce qu’est un citoyen. […] Un
citoyen au sens absolu du terme ne peux mieux se définir que par la
participation à l’exercice des pouvoirs de juge et de magistrat. […] C’est
pourquoi le citoyen dont nous avons parlé existe surtout dans une
démocratie ; dans les autres régimes, on peut le trouver, mais pas
nécessairement. Dans certaines cités, il n’y a pas de peuple (démos) ni de
session régulière de l’Assemblée […]. Quiconque a le pouvoir de participer au
pouvoir délibératif et judiciaire, nous disons qu’il est citoyen de cette cité,
et nous appelons cité la collectivité des citoyens ayant la jouissance de ce
droit, et en nombre suffisant pour assurer à la cité, si l’on peut dire, une
pleine indépendance. »
Aristote (384 avant JC-322 avant JC), La politique.
THÉSÉE : Notre cité n'est pas au pouvoir
d'un seul homme: elle est libre. Son peuple la gouverne: tour à tour, les
citoyens reçoivent le pouvoir, pour un an. Elle n'accorde aucun privilège à la
fortune. Le pauvre et le riche y ont des droits égaux.
LE HÉRAUT THÉBAIN : La cité
dont je viens est gouvernée par un seul homme, et non par la foule. Personne ne
la flatte ou ne l'exalte par son éloquence, personne ne la tourne ou la
retourne selon son seul intérêt particulier […] D'ailleurs comment le peuple,
qui n'est pas capable de raisonnements droits, pourrait-il mener une cité sur
le droit chemin? Un pauvre paysan, même instruit, en raison de son travail, ne
peut consacrer son attention aux affaires publiques.
Euripide, Les Suppliantes
(extrait), environ 422 av
« Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière? A savoir la liberté. En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’unecité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants.N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles (…) Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. Voilà ce qui se produit et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci. Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions; les vieillards de leur côté s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques (…) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’État. »
« La masse quoique formée d’individus qui, pris isolément, sont sans grand mérite, peut, une fois réunie, se montrer supérieure à ceux qui en ont. Tout comme les repas où l’on se cotise sont supérieurs à ceux dont un seul homme fait les frais. Car, comme ils sont nombreux, chacun a sa part de vertu et de sagesse, et leur réunion fait de la masse comme un être unique […] riche en formes de caractère et d’intelligence. […] En effet ce n’est pas le membre du Tribunal, du Conseil ou de l’Assemblée qui remplit seul son rôle, mais le Tribunal, le Conseil, le peuple, si bien que la haute souveraineté revient de façon juste au plus grand nombre.
Aristote (-384/ -322),Politique, III
« Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière? A savoir la liberté. En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’unecité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants.N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles (…) Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. Voilà ce qui se produit et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci. Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions; les vieillards de leur côté s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques (…) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’État. »
Platon, la République
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