samedi 13 décembre 2014

La démocratie athénienne face aux textes classiques

« La cité est une collectivité de citoyens. IL faut donc examiner ce qui doit être appelé citoyen et ce qu’est un citoyen. […] Un citoyen au sens absolu du terme ne peux mieux se définir que par la participation à l’exercice des pouvoirs de juge et de magistrat. […] C’est pourquoi le citoyen dont nous avons parlé existe surtout dans une démocratie ; dans les autres régimes, on peut le trouver, mais pas nécessairement. Dans certaines cités, il n’y a pas de peuple (démos) ni de session régulière de l’Assemblée […]. Quiconque a le pouvoir de participer au pouvoir délibératif et judiciaire, nous disons qu’il est citoyen de cette cité, et nous appelons cité la collectivité des citoyens ayant la jouissance de ce droit, et en nombre suffisant pour assurer à la cité, si l’on peut dire, une pleine indépendance. »

Aristote (384 avant JC-322 avant JC), La politique.




THÉSÉE : Notre cité n'est pas au pouvoir d'un seul homme: elle est libre. Son peuple la gouverne: tour à tour, les citoyens reçoivent le pouvoir, pour un an. Elle n'accorde aucun privilège à la fortune. Le pauvre et le riche y ont des droits égaux.
LE HÉRAUT THÉBAIN : La cité dont je viens est gouvernée par un seul homme, et non par la foule. Personne ne la flatte ou ne l'exalte par son éloquence, personne ne la tourne ou la retourne selon son seul intérêt particulier […] D'ailleurs comment le peuple, qui n'est pas capable de raisonnements droits, pourrait-il mener une cité sur le droit chemin? Un pauvre paysan, même instruit, en raison de son travail, ne peut consacrer son attention aux affaires publiques.

Euripide, Les Suppliantes (extrait), environ 422 av


« La masse quoique formée d’individus qui, pris isolément, sont sans grand mérite, peut, une fois réunie, se montrer supérieure à ceux qui en ont. Tout comme les repas où l’on se cotise sont supérieurs à ceux dont un seul homme fait les frais. Car, comme ils sont nombreux, chacun a sa part de vertu et de sagesse, et leur réunion fait de la masse comme un être unique […] riche en formes de caractère et d’intelligence. […] En effet ce n’est pas le membre du Tribunal, du Conseil ou de l’Assemblée qui remplit seul son rôle, mais le Tribunal, le Conseil, le peuple, si bien que la haute souveraineté revient de façon juste au plus grand nombre.

         Aristote (-384/ -322),Politique, III




« Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien suprême qui perd cette dernière? A savoir la liberté. En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’unecité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants.N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles (…) Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. Voilà ce qui se produit et aussi d’autres petits abus tels que ceux-ci. Le maître craint ses disciples et les flatte, les disciples font peu de cas des maîtres et des pédagogues. En général les jeunes gens copient leurs aînés et luttent avec eux en paroles et en actions; les vieillards de leur côté s’abaissent aux façons des jeunes gens et se montrent pleins d’enjouement et de bel esprit, imitant la jeunesse de peur de passer pour ennuyeux et despotiques (…) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’État. »
Platon, la République

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